Jean Otth

Date de naissance/Date of birth
1940
Pays/Country
Biographie/Biography

Fils d’architecte et petit-fils d’Alois, sculpteur devenu maître de dessin, Jean Otth entreprend des études classiques qu’il poursuit à l’Université de Lausanne en histoire de l’art. De 1961 à 1963, il suit l’enseignement de Jaques Berger et d’Albert-Edgar Yersin à l’École cantonale d’art de Lausanne où il obtient un diplôme d’enseignant. Jusqu’en 1970, il pratique et expose une peinture de signes plus ou moins abstraite qui, à partir de nouveaux supports comme le miroir ou la diapositive, explore les modalités de la perception de l’image. Il obtient en 1967 le prix de peinture de la fondation Alice Bailly, puis séjourne en 1969 à Chicago et à New York.

En 1970, dans le cadre du cours «Esthétique et mass media» de René Berger à l’Université de Lausanne, il entreprend divers travaux pratiques et critiques sur le langage de la télévision. Il réalise ses premiers travaux vidéo et les montre en 1972 à Lausanne, à la galerie Impact (Action-film-vidéo) et au Musée cantonal des beaux-arts (Implosion). En 1973, à l’occasion du prix Art et communication dont il est le lauréat à la Biennale de São Paulo, il voyage au Brésil et parcourt l’Amazonie. De retour en Suisse, il participe à l’exposition collective et itinérante Tell 73 et, avec Gina Pane, Gérard Titus-Carmel et Claude Viallat, à l’exposition Regarder ailleurs, présentée au palais de la Bourse à Bordeaux. En 1974, il organise avec le groupe Impact au Musée des arts décoratifs de Lausanne l’exposition internationale Impact art vidéo 74, à laquelle participent Antonio Muntadas et Bill Viola. L’année suivante, il effectue un séjour au centre international d’expérimentation artistique Marie-Louise Jeanneret à Boissano en Italie. Depuis lors, sa participation à de nombreuses rencontres d’art vidéo en Europe et aux États-Unis lui vaut une reconnaissance internationale.

Professeur de dessin à mi-temps au collège de Morges, il enseigne depuis 1979 à l’École cantonale d’art de Lausanne. Les années 1980 marquent un retour à la peinture. Puis en 1985, il réalise ses premiers travaux assistés par ordinateur et, dès 1990, des images infographiques projetées. De 1992 à 1995, il dirige dans le cadre de l’École cantonale d’art un atelier de l’Unité de synthèse de l’image numérique.

Fasciné par les nouvelles technologies de production d’images, Jean Otth fait souvent référence dans ses travaux à l’histoire de l’art, à la littérature, aux sciences humaines et même au langage et aux concepts de sciences comme l’astrophysique. Mais c’est le mythe platonicien de la caverne et ses implications perceptives et esthétiques qui semblent avoir, dès les peintures sur miroir (1966), orienté sa démarche jusqu’à aujourd’hui. Expérimentaux et critiques, ses travaux ont pour problématique la réalité de l’image et les relations d’incertitude qu’elle entretient avec son objet et son réceptacle. Dans la série des «TV-perturbations» (Perturbations II: Strip Tease TV, 1972) par exemple, il s’interroge sur la nature de l’image télévisuelle en déconstruisant ses codes, alors que dans la série des«Limites» (Limite E, 1973), il met en évidence ses différents niveaux de réalité. Avec les Vidéos-miroirs et, notamment, avec Le portillon de Dürer (1977), il propose une synthèse du faire et du voir en réunissant en un seul espace et un seul temps le modèle (la femme), le peintre (son image en action) et le support (le moniteur).

Les travaux de peinture ultérieurs comme Images peintes(1984), Cristal et fumée (1989), Wart (1991), puis les infographies projetées à l’occasion de l’exposition Trous noirs et fontaines blanches (1994,) n’échappent pas à cette mise en question des limites de l’œuvre, de la frontière entre son dedans et son dehors, entre sa réalité concrète et sa dématérialisation, entre sa conception et sa perception, et procèdent de cette même dialectique du réel et de l’imaginaire, de l’être et du paraître de l’image, qui nourrit l’ensemble de la recherche de l’artiste.

Collections institutionnelles (sélection): La Chaux-de-Fonds, Musée des beaux-arts; Lausanne, collection d’art de la Ville de Lausanne; Lausanne, Musée cantonal des beaux-arts; Genève, Fonds cantonal d’art contemporain; Genève, Fonds d’art contemporain de la Ville de Genève; Genève, Musée d’art moderne et contemporain [MAMCO]; Paris, Musée d’art moderne de la Ville de Paris. Source: Edmond Charrière, SIK