"Après ses études à la St Martin School of Arts de Londres, Richard Long choisit de faire de la terre entière son lieu de création et d’exposition, de travailler à l’échelle du paysage et au rythme de la marche. Malgré le caractère éphémère de la grande majorité de ses œuvres – in situ, soumises à reconquête par leur environnement et aux dégradations climatiques – son travail a été montré dans de très nombreuses institutions à travers le monde (Tate Gallery et Tate Britain, Londres, Hamburger Bahnof de Berlin, etc.) et lors de grandes rencontres internationales (documenta de Cassel en 1972, Biennale de Venise en 1976). Le plus souvent, il présente alors des archives (photographies, cartes), des reliques de matériaux bruts trouvés au cours de ses promenades ou encore des textes (énoncés tautologiques ou poétiques), tels que Richard Long March 19-22 1969, A Walking Tour in the Berner Oberland [Richard Long Mars 19-22 1969, Visite pédestre de l'Oberland bernois] imprimé sur papier et installé au mur lors de l'exposition historique Quand les attitudes deviennent forme en 1969.
Pièce manifeste de toute son œuvre, A Line Made by Walking [Une ligne faite en marchant] de 1967 montre la trace au sol des allées et venues successives de l’artiste au fil d’une ligne imaginaire au milieu d’un champ. « La notion d'originalité est importante pour moi, au sens où, malgré de nombreuses traditions de marche – l'arpenteur de paysage, le poète marcheur, le pèlerin – il est toujours possible de marcher selon des voies différentes1».
Les photographies, dans lesquelles la présence humaine est suggérée en hors-champ, deviennent alors la trace unique de la marche ou des sculptures réalisées en cours de route (A Line in Sahara [Une ligne dans le Sahara], 1988).
Devenue une des figures majeures du Land Art, l’artiste se défend pourtant d’être trop assimilé à ce mouvement surtout américain, dans la mesure où il considère ses œuvres plus comme des sculptures personnelles et légères que comme des « monuments ».
Se revendiquant avant tout sculpteur, Richard Long évolue dans un espace quantifiable, qu’il s’agisse de durée ou d’inscriptions laissées sur place (A Line of 33 Stones, A Walk of 33 Days [Une ligne de 33 pierres, une marche de 33 jours], 1998). En utilisant des matériaux qu’il récupère dans la nature, et sans se dissocier de son mode de traitement atypique du paysage, l’artiste donne ainsi à son œuvre une « ligne » directrice et parvient à établir un lien entre nature et culture.
1Cité dans l'article de Sean O'Hagan, « One Step Beyond », The Observer, 10 mai 2011." (Source, site web, Institut d'art contemporain de Villeurbanne/Rhône-Alpes)