René Bauermeister

Date de naissance/Date of birth
1930
Pays/Country
Biographie/Biography

"René Bauermeister (07.04.1930 Neuchâtel, † 07.01.1985 Gland) a fait l’essentiel de sa carrière dans son canton d’origine. Bien qu’ayant joué un rôle de pionnier dans l’emploi artistique des techniques nouvelles, cet artiste s’est montré à ce point discret qu’il reste méconnu et sa biographie lacunaire.

Au début des années 1950, il fréquente les Ecoles d’art appliqué de Bienne et de La Chaux-de-Fonds, puis les ateliers parisiens d’André Lhote et de Fernand Léger en 1953–54. Au terme de sa formation, il obtient un brevet d’aptitude à l’enseignement du dessin à Neuchâtel, où il exercera dans les écoles secondaires, ainsi que dans celles de La Chaux-de-Fonds. La première exposition qui fait date dans sa carrière est celle présentée en 1969 à la Galerie Daniel Templon à Paris. Par la suite, il exposera, entre autres, à la galerie du Club 44 à La Chaux-de-Fonds en 1972, à la Galerie Impact à Lausanne en 1973, au Centre international d’expérimentation artistique M.-L. Jeanneret de Boissano en Italie en 1979, après avoir été invité à y séjourner en 1977. En 1980, il est lauréat du premier Festival d’art vidéo de Locarno. La Galerie Jonas à Cortaillod présente son travail en 1983, de même que le Musée cantonal des beaux-arts à Sion en 1988.

Son gagne-pain assuré grâce à l’enseignement, René Bauermeister se consacre à la pratique d’un art de prospection. Si l’on ne connaît que peu son œuvre peint des débuts, en bonne partie détruit de ses propres mains semble-t-il, il reste quelques sculptures en bois poli et, surtout, des montages de matériaux industriels: métal chromé, phares et accessoires automobiles en particulier. L’artiste s’est aussi intéressé à certaines matières synthétiques comme le polyester.

L’œuvre des années 1960 explore et exploite plus particulièrement les ressources esthétiques des métaux usinés, de l’éclairage et de l’électronique, soit que Bauermeister soude entre eux des éléments coudés, soit qu’il ajuste des tubes et des phares de voitures, ou qu’il recoure à l’écran cathodique. Dans la foulée de cette inspiration automobile, l’artiste crée aussi des pseudo-panneaux de signalisation routière.

Dès la fin des années 1960, le cinéma de court métrage en 16 mm et la vidéographie représentent la part la plus importante de son œuvre. Avec ses amis Jean Otth, Janos Urban, Gérald Minkoff et Muriel Olesen, Bauermeister est un pionnier de la pratique de la vidéo d’art en Suisse. Il y cultive la formule de l’ellipse en conjuguant, tout en jouant de leur contraste, de très brèves séquences. Il tire parti de faits et gestes quotidiens, dont le caractère répétitif met en évidence une banalité lancinante: le balayage méthodique d’une salle, le va-et-vient dans des toilettes publiques, ou l’alternance rapide d’un drapeau qui claque et de claques régulièrement assénées sur un visage, par exemple.

L’originalité de son œuvre tient tant à sa curiosité technique qu’à sa passion pour l’instrumentation de dernière génération. Il n’a de cesse qu’il n’ait découvert et mis en œuvre toutes les ressources du nouveau médium, pris isolément ou recourant à des installations regroupant plusieurs moniteurs, juxtaposés ou superposés. Par le truchement de dispositifs astucieux, il «donne à voir» la profondeur du tube cathodique lui-même, la «substance» paradoxale de l’image labile du noir et blanc électronique et son pouvoir de métamorphose.

L’œuvre de Bauermeister s’achève sur une suite de quelque vingt photographies en couleur, de grand format. Intitulée L’état des choses, elle tient du constat: elle prend acte d’accumulations et de séries d’objets usagés et de déchets, livrés en vrac, tels qu’on peut les voir dans certaines décharges. La séduction de l’image n’a d’égale que la déshérence écologique des choses ainsi abandonnées. Conclusion emblématique d’une œuvre prématurément interrompue, tout se passe en effet comme si l’artiste, fasciné par les techniques avancées, leur donnait quitus d’un monde en soi, l’appareil dictant sa loi de rigueur et de précision, avec le caractère tranchant d’un scalpel.

Jacques Monnier-Raball, 1998, actualisé 2018
" (Source, site web, Institut suisse pour l'étude de l'art SIK ISEA)

Artiste – Auteur/Artist - Author

Titre Date de réalisation/Date of creation
Support/Surface 1969
Transvidéo 1974
High Fidelity 1975
Bougies vénitiennes 1975