« Durant toute l’action, je suis enfermée dans une pièce, et donc invisible pour le public. Les spectateurs entrent dans la seconde pièce, un par un. Un dialogue privé s’engage entre nous, puisque j’interviens dans l’image que le spectateur voit à l’écran, ce qui provoque une réaction individuelle. Simultanément, le public ne voit que l’image du participant. » (Sanja Iveković) (Source, cité depuis le site web MUHKA)
Image de la performance (Source, jpg, MUHKA)
L’installation Inter Nos (1977) se compose de deux pièces reliées par deux circuits télévisés fermés sans lien sonore et d’un espace d’accueil où le public suit une transmission en direct.
"Sanja Ivekovic présente en 1977, dans ces questionnements, une œuvre mêlant performance et vidéo et qui s'intitule Inter Nos. Il est bon de noter que cette œuvre n'est plus juste une performance filmée, la vidéo est incluse dans l'action, elles partagent désormais la scène. Sanja Ivekovic va confronter son corps à l'image d'un spectateur qui n'est pas dans le même espace qu'elle, l'image et elle étant également isolées du public. L'image du spectateur est présente dans un moniteur, on a un face-à-face entre un corps et une image projetée en direct. Par des caresses, des baisers, des gestes langoureux, elle semble vouloir pénétrer l'écran, passer à travers l'image pour rejoindre ce spectateur qu'elle semble tant vouloir toucher. Elle tente de résoudre la séparation qui résulte de toute représentation, par le fait que l'image soit présente mais pas la personne derrière l'image. Elle rejoint ici le concept de Split Reality de Valie Export, qui nous offrait un effet de distanciation avec la représentation, l'image et le son étant séparés et réassemblés par le spectateur, comme s'il avait fait le travail de montage de l'époque lui-même." Joséphine Dupla-Bicais, La Vidéo dans l'art, Plaine Saint-denis, Éditions Publibook, 2018.